mardi 8 janvier 2013
L'encens
Comme le café, l’encens a son commerce solidaire par Hugues-Olivier Dumez
Dans la région Tigré, en Éthiopie, une société coopérative développe l’encens solidaire à destination des Églises européennes.
L’encens qui parfume nos églises lors des célébrations pourrait voir un jour ses réserves épuisées. Cette résine aromatique est issue de l’écorce du Boswellia, lequel ne pousse que dans la région de la Corne de l’Afrique et est actuellement victime d’une surexploitation alarmante. C’est le constat que fait Julien Charbonnier, fraîchement diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Toulouse. Le Français s’appuie sur les dernières recherches scientifiques concernant l’état des forêts de Boswellia dans la région du Tigré. Fin novembre 2011, le jeune homme décide avec plusieurs amis de monter le projet Boswellia.
Il se donne pour mission de fournir à l’Église catholique un encens à un prix équitable, c’est-à-dire convenant à la fois aux acheteurs et aux communautés chrétiennes de producteurs. « L’utilisation d’un encens naturel est cohérente avec les principes de la liturgie catholique, dans le respect des valeurs du travail décent et de la justice sociale promues par le conseil pontifical Justice et Paix », revendique Julien.
« Si rien n’est fait, l’encens aura pratiquement disparu d’Éthiopie »
L’équipe du projet est actuellement dans la région du Tigré, au nord de l’Éthiopie afin de « négocier directement avec les producteurs » et de distribuer en circuit court l’encens auprès des diocèses et des paroisses de France. Les produits d’encens consommés dans les églises, entièrement composés de myrrhe et d’oliban, sont des résines naturelles que l’on retrouve essentiellement en Éthiopie, en Érythrée, en Somalie et au Yémen.
« Actuellement, l’encens est importé massivement par des entreprises de transformation industrielle qui ne répondent à aucun critère de préservation de l’environnement, ni de soutien à l’agriculture ou à la sylviculture durable », observe Julien. « Si rien n’est fait pour augmenter les revenus des producteurs et préserver la ressource forestière, dans les cinquante prochaines années, l’encens aura pratiquement disparu d’Éthiopie ».
L’encens issu du projet sera disponible en 2013
Une société coopérative et participative a donc été montée afin de distribuer en France un encens biologique « de haute qualité à un prix équitable et compétitif ». Objectif : assurer l’approvisionnement de l’encens auprès des paroisses et des diocèses d’ici à 2013. Généralement, les églises se fournissent en encens de manière dispersée, des contacts ont donc directement été pris.
Les diocèses de Toulouse, Bordeaux et La Rochelle ont déjà accueilli favorablement ce projet. Le responsable est plein d’ambition : « La capacité de production s’établit à plusieurs dizaines de tonnes par an et répond à une demande en hausse dans toute l’Europe ». L’encens issu du projet Boswellia sera disponible en France en janvier 2013 pour la célébration de l’Épiphanie, lorsque le Messie reçut des Rois mages de l’or, de la myrrhe et… de l’encens.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire